La musique enregistrée dépasse le milliard d’euros de chiffre d’affaires en France pour la première fois depuis 2007

L’année 2024 s’illustre par une situation inédite pour le marché de la musique enregistrée : tous les segments du marché musical affichent une croissance positive, selon le Syndicat national de l’édition phonographique. Le digital progresse de 9,1% (+56,4 millions d’euros), le physique rebondit de 1,3% (+2,5 millions d’euros), les droits voisins augmentent de 2,3% (+2,9 millions d’euros), et la synchronisation connaît la plus forte hausse relative avec +18,9% (+5,8 millions d’euros).
Depuis 2015, moment de sortie de crise pour le secteur, les revenus ont progressé de 58%. En euros constants, le chiffre d’affaires 2024 atteint le milliard d’euros pour la première fois depuis 2007. Toutefois, il ne représente encore que 54% du niveau record atteint en 2002.
Le streaming, moteur de la croissance de la musique enregistrée
Le streaming par abonnement s’impose comme la principale source de revenus de l’industrie musicale française, représentant 60% du total du chiffre d’affaires du secteur. Le chiffre d’affaires issu des abonnements dépasse pour la première fois en France la barre symbolique du demi-milliard d’euros (522 millions d’euros), en progression de 11,4%.
Avec 17,7 millions d’utilisateurs, l’abonnement touche désormais plus d’un quart de la population française (25,9%). Cependant, cette proportion reste inférieure à celle observée dans d’autres grands marchés comme le Royaume-Uni, l’Allemagne ou les États-Unis. Le rythme de croissance des utilisateurs en France (7,3%) demeure également plus bas que la moyenne mondiale, de 3,3 points.
Le vinyle dépasse le CD, une première historique
L’une des surprises de ce bilan est la progression du marché physique de 1,3% en 2024, soit le meilleur résultat enregistré depuis 2002 (hors période Covid). Cette performance est portée par un événement historique : pour la première fois depuis son âge d’or, le vinyle dépasse le CD en valeur, avec un chiffre d’affaires en hausse de 5,4% sur un an et qui a plus que doublé en cinq ans.
Toutefois, le CD maintient sa popularité en volume avec près de 10 millions d’unités vendues contre 6 millions pour le vinyle. Cette résistance des supports physiques démontre l’attachement du public, particulièrement des plus jeunes, à ces formats. Les statistiques révèlent que les moins de 35 ans forment le plus important contingent d’acheteurs de CD (38%) et de vinyles (31%).
Cette embellie relative ne doit pas masquer la situation complexe des usines de pressage, notamment en France, confrontées à des difficultés d’approvisionnement, à la hausse des coûts de production et à l’augmentation de la capacité mondiale de pressage.
Les ventes directes : nouveau relais de croissance
La vente directe via les boutiques d’artistes connaît une progression spectaculaire de 33% par rapport à l’année précédente et a été multipliée par 5 en cinq ans. Ce canal représente désormais 17% du commerce électronique de musique et génère 10,5 millions d’euros de chiffre d’affaires.
Initialement popularisé par les groupes de K-Pop, ce mode de distribution s’étend à tous les genres musicaux. Les expériences et contenus exclusifs proposés en vente directe (D2C) fidélisent les « fandoms » qui deviennent de puissants ambassadeurs pour les artistes, portant une recommandation forte auprès du public par un bouche-à-oreille plus prescripteur que jamais, à l’école, au bureau ou sur les réseaux sociaux.
La production française triomphe sur tous les fronts
La production française domine largement le marché domestique avec 18 des 20 meilleures ventes d’albums de 2024 et 75% du Top 200. En tête des ventes d’albums, deux rappeurs français : Werenoi et PLK. S’il garde la tête, le registre rap/R&B perd 4 points dans dans le Top 200, tandis que le rock, la chanson et la variété française progressent tous .
La relève est également assurée avec 18 premiers albums produits en France qui intègrent le Top 200 annuel, dont celui de Pierre Garnier (Chaque seconde) directement classé à la 5ème place.
Les productions françaises brillent aussi dans les segments classique et jazz. Le répertoire classique a vu son audience multipliée par 4 en quatre ans pour atteindre 1,9 milliard de streams, et son modèle économique s’équilibre entre ventes physiques (54%) et exploitations numériques (46%).