Les ventes mondiales de musiques à leur plus haut niveau depuis 1999

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Les ventes mondiales de musique augmentent pour la dixième année consécutive en 2024. Néanmoins la menace des systèmes d’IA générative plane encore sur l’industrie et constituent une ombre au tableau. Ils sont « une menace concrète et immédiate » pour l’avenir de l’industrie, avertissent les dirigeants de maisons de disques.
Les revenus totaux de la musique enregistrée atteignent 29,6 milliards de dollars en 2024, soit une hausse de 4,8 % par rapport à l’année précédente, selon le Global Music Report 2025 de la Fédération internationale de l’industrie phonographique (IFPI), publié mercredi 19 mars.
Une croissance continue du marché musical
Le chiffre d’affaires est porté par une forte augmentation des revenus issus des abonnements payants au streaming, qui progressent de 9,5 % pour atteindre 15,2 milliards de dollars. Les revenus totaux du streaming, comprenant abonnements payants et offres financées par la publicité, augmentent de 7,3 % par rapport à l’année dernière pour atteindre 20,4 milliards de dollars, représentant ainsi 69 % des ventes mondiales de musique enregistrée.
Bien que le taux de croissance de 2024 soit environ moitié moindre que celui de 2023 (lorsque les revenus avaient augmenté de plus de 10 %), les ventes totales de musique atteignent malgré tout leur plus haut niveau depuis 1999 (année où l’IFPI a commencé à compiler les revenus mondiaux de la musique). Elles s’élevaient alors à 22,2 milliards de dollars en valeur absolue, sans tenir compte de l’inflation. Le piratage et la baisse des ventes physiques avaient fait chuter le marché à 13 milliards de dollars en 2014, son plus bas point.
Les inquiétudes liées à l’IA et au droit d’auteur
Le constat de l’IFPI est clair : la reprise et la croissance de l’industrie du disque sont aujourd’hui menacées par un monde de la tech qui cherche à assouplir les protections du droit d’auteur. Leur objectif est de pouvoir utiliser les œuvres musicales sans licence pour entraîner leurs IA. Un état de fait dénoncé par les créateurs et dirigeants du secteur. Plus tôt cette semaine, Paul McCartney et Paul Simon figuraient parmi les 400 musiciens, réalisateurs, écrivains et acteurs ayant signé une lettre ouverte adressée à l’administration Trump. Celle-ci s’oppose aux propositions d’OpenAI, Anthropic et Google (entre autres), qui souhaitent utiliser des œuvres protégées sans l’autorisation des titulaires de droits.
Au Royaume-Uni, le gouvernement envisage actuellement des modifications proposées à la législation sur le droit d’auteur. Si elles étaient mises en œuvre, elles permettraient aux développeurs d’IA d’utiliser librement le contenu des créateurs à des fins d’apprentissage, sauf opposition explicite des ayants droit.
« Nous demandons aux décideurs politiques de protéger la musique et l’art », déclare Victoria Oakley, directrice générale de l’IFPI, dans un communiqué accompagnant le Global Music Report. « Nous devons exploiter le potentiel de l’IA pour soutenir et amplifier la créativité humaine, et non pour la remplacer. »
« Si elles obtiennent gain de cause, elles pourront… faire disparaître les services de musique numérique existants tout en ne rémunérant ni les artistes ni les auteurs-compositeurs. C’est une distorsion incroyable du marché », declare Dennis Kooker, président du digital mondial chez Sony Music Entertainment, lors du lancement du rapport à Londres.
Les tendances du marché et la domination du streaming
En regardant de plus prés les ventes mondiales de musique de 2024, l’IFPI indique que le nombre d’abonnés aux services de musique payants atteint 752 millions dans le monde, soit une hausse de plus de 10 % par rapport à l’année précédente. Les revenus du streaming par abonnement représentent désormais un peu plus de 50 % des ventes mondiales de musique.
Sur le segment des ventes physiques, la croissance des ventes de vinyles pour la 18ᵉ année consécutive (+4,6 %) ne suffit pas à compenser une baisse de 3,1 % des revenus physiques globaux, qui chutent à 4,8 milliards de dollars. L’IFPI explique que cette diminution est en partie due à un recul des ventes physiques en Asie, qui représente plus de 45 % de tous les revenus physiques mondiaux. En termes de part de marché, les ventes physiques représentent un peu plus de 16 % du marché global l’an dernier, contre 18 % en 2023.
Les revenus des droits d’exécution publique progressent de 5,9 % pour atteindre 2,9 milliards de dollars, représentant un peu moins de 10 % des revenus mondiaux et marquant la quatrième année consécutive de croissance du secteur. Les revenus du synch (synchronisation) sont restés stables par rapport à 2023 à 650 millions de dollars, représentant une part de marché de 2,2 %.
Les performances des marchés mondiaux
Taylor Swift est la meilleure vendeuse de disques dans le monde en 2024, devant le rappeur canadien Drake et le groupe de K-pop SEVENTEEN, a annoncé l’IFPI le mois dernier. C’est la cinquième fois qu’elle décroche ce titre mondial et la troisième année consécutive. Beautiful Things de Benson Boone est le single le plus vendu de l’année sur toutes les plateformes confondues, avec 2,1 milliards d’écoutes équivalentes.
En termes de marchés mondiaux, l’IFPI indique que les revenus musicaux augmentent dans toutes les régions et dans 55 des 58 marchés qu’elle suit, les États-Unis conservant leur place de leader avec une croissance des ventes de 2,2 % par an. En comparaison, le marché américain de la musique enregistrée avait progressé de 7,2 % en 2023 et de 4,8 % l’année précédente.
Le deuxième plus grand marché mondial, le Japon, est resté stable d’une année sur l’autre en raison d’une baisse des ventes physiques, selon l’IFPI. Les troisième et quatrième marchés les plus importants restent le Royaume-Uni (+4,9 %) et l’Allemagne (+4,1 %), respectivement. La Chine, cinquième marché mondial, enregistre une croissance de 9,6 %.
Le reste du Top 10 comprend la France (+7,5 %), la Corée du Sud (-5,7 %), le Canada (+1,5 %), le Brésil (+21,7 %, le marché qui connaît la croissance la plus rapide du Top 10) et le Mexique, qui augmente ses revenus de 15,6 %, dépassant ainsi l’Australie pour devenir le dixième plus grand marché mondial de la musique enregistrée.
Ces gains inter-marchés se reflètent également sur une base régionale, avec les revenus de la région Amérique du Nord (États-Unis et Canada) en hausse de 2,1 %, représentant ensemble plus de 40 % des ventes mondiales de musique. L’Amérique latine où le streaming représente près de 88 % du marché musical enregistré connaît une croissance de 22,5 %, dépassant une fois de plus largement le taux de croissance mondial et marquant sa 15ᵉ année consécutive de augmentation des revenus.
L’Europe reste la deuxième région la plus importante en matière de ventes de musique, représentant plus d’un quart (29,5 %) des revenus mondiaux et affichant une croissance annuelle de 8,3 %. L’Asie arrive en troisième position, avec une augmentation des revenus de seulement 1,3 % contre près de 15 % en 2023, en raison d’une baisse de 4,9 % des ventes physiques.
Les deux régions à la plus forte croissance mondiale sont le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord (+22,8 %, avec 99,5 % du marché issu du streaming) et l’Afrique subsaharienne (+22,6 %), qui dépasse pour la première fois les 100 millions de dollars de revenus. L’Afrique du Sud est toujours le plus grand marché de la région, représentant 75 % de ses revenus, après une croissance de 14,4 %. En Océanie, les revenus grimpent de 6,4 % pour atteindre 629 millions de dollars, avec des hausses de 6,1 % en Australie et de 7,8 % en Nouvelle-Zélande.