France : fort ralentissement de la croissance du streaming musical au 1er semestre

La première moitié d’année se révèle mitigée pour l’industrie musicale française. Le chiffre d’affaires du marché français de la musique enregistrée monte ainsi à 432 millions d’euros, en progression de 3,4% sur un an, et de 55% sur 5 ans. Cependant, la croissance est en baisse (+ 6,6% au 1er semestre 2024), une tendance plus marquée encore sur le streaming musical, qui est depuis 10 ans le fer de lance de l’industrie musicale.
Ce dernier, qui représente plus de 70% de son chiffre d’affaires, progresse de 3,4%, soit trois fois moins qu’au premier trimestre les années précédentes (+10,1% en 2024 et +10,4% en 2023). Parmi les facteurs de ce ralentissement, une décroissance des revenus du streaming vidéo (-6,8%) et une progression de seulement 2% pour ceux issus du streaming audio financé par la publicité (contre +6,1% et +28,1% les années passées).
Cependant, le streaming audio payant, principal moteur d’un marché dont il représente 63% du chiffre d’affaires, croît lui aussi plus lentement : +4,9% contre 11,3% l’année passée. Pour le Syndicat national de l’édition phonographique, cette progression est « en-deçà des attentes ». Pour l’organisme, qui représente notamment Universal Music France, Warner Music France et Sony Music France, « la France reste en retard par rapport aux leaders mondiaux du secteur ».
Le volume d’écoutes en streaming audio n’est pas affecté et continue de progresser à un rythme soutenu de 13,6% pour atteindre 75 milliards au premier semestre 2025. En moyenne, le streaming audio payant représente ainsi 80% des écoutes dans l’Hexagone.

Rebond du physique
Les revenus issus des ventes de supports physiques, eux, progressent de 4,4% sur la première moitié de 2025 après un recul de 6,8% au premier semestre 2024. Le vinyle, qui enregistre une croissance de 9,4%, représente 53% des recettes physiques et 11% du marché français de la musique enregistrée. Le CD, lui, voit ses revenus baisser d’1,5% sur un an contre -13,2% en 2024, semblant indiquer une stabilisation progressive. Le Syndicat national de l’édition phonographique souligne néanmoins que « ce rebond doit être relativisé car le premier semestre représente un volume d’affaires traditionnellement plus faible que le second » pour les supports physiques.

Taux de pénétration de l’abonnement
Dans son bilan annuel de 2024, le Syndicat national de l’édition phonographique indiquait ainsi que le taux de pénétration des abonnements payants aux plateformes de streaming musical, incluant les offres familles et duos, était de 25,9% en France, très en-deçà du Royaume-Uni, de l’Allemagne ou encore des États-Unis. Autre constat, la progression du nombre d’utilisateurs de ces plateformes dans l’Hexagone, +7,3% entre 2023 et 2024, reste inférieure à la moyenne mondiale de +10,6%.
Impact de la stagnation du pouvoir d’achat ?
Autre explication possible, un arbitrage économique de certains auditeurs face à un pouvoir d’achat en stagnation (+0,3% par habitant en 2025 selon les estimations publiées en juin par la Banque de France). En mars, une étude exclusive réalisée par YouGov pour Billboard France révélait ainsi que 73% des français estimaient le prix des produits musicaux « trop élevé » par rapport à leur capacité financière. 32% d’entre eux indiquaient envisager de résilier leurs abonnements à des plateformes de streaming musical.
L’Allemagne également touchée
Cette tendance n’est pas propre à la France. Ainsi, en juillet dernier, la Bundesverband Musikindustrie annonçait une progression d’1,4% au premier semestre en Allemagne contre 7,6% un an plus tôt (+3,9% pour le streaming audio, contre +12,7% en 2024). L’Italie, elle, semble moins touchée : selon les chiffres de la Federazione Industria Musicale Italiana, les revenus du marché ont progressé de 9,7% sur les 6 premiers mois de l’année, et de 9,9% pour le streaming. Une forte croissance, néanmoins sensiblement inférieure à celle de 2024 (+15,1% et +18,1% pour le streaming).
