L’Orchestre National saoudien et son chœur se produisent au château de Versailles

L'ensemble national saoudien a donné un concert exclusif en France, nouveau symbole de l'ouverture culturelle du pays vers la musique.
24/09/2025
Ensemble national saoudien pour Billboard Arabia

Membres de l'ensemble national saoudien

Crédit : Xiaoyi Dai pour Billboard Arabia

À la veille de la fête nationale saoudienne, le château de Versailles a accueilli un concert inédit : plus de 100 musiciens saoudiens de l’Orchestre National et de son chœur étaient présents à l’Opéra Royal lors de la soirée Marvels of Saudi Orchestra.

À cette occasion, les voix et instruments de l’ensemble ont présenté une nouvelle facette de la culture du Royaume : la musique.

Ce concert allait au-delà d’une simple représentation. Il illustrait un nouveau mouvement culturel, à travers lequel l’Arabie saoudite cherche à diffuser ses traditions et ses créations musicales auprès d’un public international.

Plus qu’un simple ensemble

Fondés en 2019 sous l’égide de la Commission de la musique d’Arabie saoudite, la mission de l’ensemble visait aussi à développer un environnement propice à la création pour les musiciens saoudiens.

La tournée Marvels of Saudi Orchestra est déjà passée par Paris, New York, Londres, Sydney, Tokyo et Mexico. Versailles n’a pas seulement été une étape marquée par le prestige du lieu, mais également un moment de visibilité pour une nouvelle génération de musiciens saoudiens, désireux de partager leur culture avec d’autres publics.

Paris est un lieu particulier pour l’Orchestre. La première prestation internationale avait eu lieu dans la ville en 2022. Depuis, la tournée a traversé plusieurs continents avant de revenir en Arabie saoudite début 2025 pour un concert à Riyad.

Membres de l'ensemble national au balcon de l'Opéra Royal
Crédit : Xiaoyi Dai pour Billboard Arabia

Mettre à l’honneur toutes les cultures

Derrière cette tournée, il y a également une volonté de créer un pont entre la musique saoudienne et les différents publics internationaux, en adaptant chaque performance à la culture du pays. À Londres, la chanson traditionnelle Addayt fi Marqab » a été associée à un medley d’Adele. À New York, le classique Fly Me to the Moon de Frank Sinatra a été revisité avec des rythmes orientaux. À Tokyo, des thèmes d’anime ont été interprétés en arabe.

À Versailles, le concert de 90 minutes a proposé un mélange de musique traditionnelle et contemporaine saoudienne, accompagné de danses folkloriques telles que le khibaiti, le majroor et le khutwa, avec de l’opéra en français. Le point culminant fut une performance conjointe, dirigée par Hany Farhat, entre l’Orchestre national et l’Orchestre royal de l’Opéra. Le lendemain, Reab Ahmed, considéré comme le plus jeune maestro saoudien à diriger l’Orchestre national, a pris la baguette à son tour.

La musique saoudienne au cœur du répertoire

L’orchestre et la chorale n’ont pas limité leur travail à des classiques occidentaux. Ils ont choisi de placer la musique saoudienne au cœur de leurs concerts, avec des chansons d’icônes comme Mohammed Abdu et Talal Maddah, et des traditions folkloriques comme le samri, le majroor ou le mizmar yanbawi, réarrangées dans des formats orchestraux.

« La musique saoudienne est digne et solennelle », souligne le joueur de qanun Yazid Al-Aidi. Le projet vise à préserver cette identité tout en l’adaptant à de nouvelles formes orchestrales qui la rendent accessible auprès d’autres publics.

Membres de l'ensemble national
Crédit : Xiaoyi Dai pour Billboard Arabia

Des identités diverses

Plus de 100 musiciens, chacun ayant son propre parcours, composent l’ensemble.

Certains ont choisi de quitter des carrières certaines pour se consacrer à la musique : Adwaa Shanan était psychologue clinicienne, Ma’an Al-Yamani travaillait comme conseiller commercial, Maha Abdullah dans le domaine médical, tandis qu’Ibrahim Al-Rashed, pianiste, était ingénieur réseau.

Cette diversité de parcours s’accompagne également de goûts musicaux variés. Nawaf Al-Jizani, le plus jeune, apprécie la musique classique transmise par son père, tout en écoutant aussi du rap. La choriste Fatimah Zahid a interprété à Versailles la chanson française « Les Champs-Élysées ». Hataf et Taghreed Al-Shahrani préfèrent les anciens airs arabes, tandis que Horia se tourne vers le R&B.

Des bases solides

La soprano saoudienne Reemaz Al-Oqbi incarne à la fois la fierté et les défis de ce mouvement culturel. Formée à l’opéra depuis l’enfance, elle sait à quel point il peut être difficile, en particulier pour une femme , d’évoluer dans le paysage musical.

« Étudier la musique dès mon plus jeune âge m’a donné une perspective différente, celle de la considérer comme une véritable profession », explique-t-elle. « Nous partons de zéro en Arabie saoudite, mais nous posons des bases solides, un environnement où les musiciens peuvent envisager un avenir clair. C’est plus difficile pour les femmes, mais les opportunités s’ouvrent peu à peu. »

Les choristes de l'ensemble national
Crédit : Xiaoyi Dai pour Billboard Arabia

Le concert comme moment collectif

Entre répétitions et concerts, certains instants marquent particulièrement les musiciens.

« Les meilleurs moments furent les derniers jours avant le départ pour la tournée, quand l’orchestre et le chœur se sont retrouvés enfin pour donner vie à l’ensemble », explique Hassan Al-Mahouzi. Pour Nawaf Abdulhadi, la satisfaction vint quand la chorale parvint à chanter une phrase difficile d’une seule voix. Pour Wahib Al-Salem, le concert en lui-même prend des allures de célébration : « Le jour du spectacle, c’est comme un jour de fête. »

Tous décrivent ainsi le final comme l’apogée, quand les saluts s’accompagnent des applaudissements. Comme le résume la choriste Rose : « Le plus beau moment est lorsque la scène s’illumine en vert, aux couleurs du drapeau saoudien. »

Une nation qui écrit son histoire en musique

Lors du concert à Versailles, le ministre saoudien de la Culture, le prince Badr bin Abdullah bin Farhan, a déclaré : « La culture est un facteur clé de croissance économique et sociale, et une source d’inspiration pour les générations futures afin de construire un monde empreint de dialogue, de stabilité et de prospérité. »

Marvels of Saudi Orchestra illustrait donc l’ambition du pays de développer une scène musicale locale influente à l’international tout en témoignant d’une société en transformation qui cherche à concilier ses traditions et de nouvelles perspectives.

Cet article est paru originellement sur Billboard Arabia.

Couverture de Billboard Arabia pour le mois de septembre
Crédit : Xiaoyi Dai pour Billboard Arabia