Qui est ATEEZ, le premier groupe coréen à remplir la plus grande salle d’Europe ?

Ce samedi, des scènes dignes des plus grandes stars internationales se sont déroulées aux portes de Paris La Défense Arena.

ATEEZ KQ ENTERTAINMENT

À première vue, ATEEZ ne semblait pas taillé pour faire un concert en France dans une salle de 40 000 places. Avec moins d’auditeurs mensuels sur Spotify que Kalash, Gazo ou Tiakola par exemple, le groupe aurait dû avoir des difficultés à remplir une arena, encore plus à 9 000 kilomètres de son pays d’origine.

Une heure avant le spectacle, une file d’attente massive s’étendait de Nanterre à Courbevoie, créant des mouvements de foule. Cette affluence a même conduit à des incidents. Selon Elodie, une des manageuses du compte fan ATEEZ France, une spectatrice aurait été victime d’une fracture de la cheville. Mais quel est donc ce groupe qui attire des dizaines de milliers de spectateurs à ses concerts, sans pour autant s’emparer des plateformes de streaming ?

Une petite agence signe le groupe

L’histoire d’ATEEZ commence en 2016, lorsque Kim Hongjoong, qui deviendra le leader du groupe, envoie une lettre et une mixtape à KQ Entertainment, exprimant son désir de devenir stagiaire dans l’agence. Pendant six mois, Hongjoong reste seul jusqu’à l’arrivée d’un deuxième stagiaire : Yunho. Progressivement, Mingi, San, Seonghwa, Yeosang, Jongho et Wooyoung rejoignent également KQ Entertainement , plusieurs ayant déjà une expérience chez d’autres labels tels que Big Hit Entertainment (aujourd’hui HYBE).

Initialement connus sous le nom de KQ Fellaz, les huit membres participent à un programme de formation aux États-Unis, documenté dans une web-série qui les montre s’entraîner au Millennium Dance Complex de Los Angeles. Cette période forge leur identité artistique et crée cohésion de groupe. En juillet 2018, ils sont officiellement rebaptisés ATEEZ, acronyme de « A TEEnager Z », symbolisant leur ambition de représenter tous les aspects de l’adolescence.

Leurs débuts avec le single Pirate Kings sont modestes. Étiquetés au départ comme Nugu (groupe sans intérêt), les huit membres surprennent l’audience coréenne, et se démarquent dans ce marché ultra-concurrentiel par des performances lives de haut niveau et des sorties régulières de musique.

Le premier tournant survient en 2019 avec Say My Name, qui commence à attirer l’attention internationale. Même si la pandémie de Covid-19 ralentit temporairement leur progression, le groupe reprend sa marche en avant et dès 2022, le retour des concerts lui permet d’entamer une progression fulgurante.

Cette croissance de la popularité du groupe place réellement KQ Entertainment sur la carte en Corée du Sud. D’agence peu connue, elle arrive désormais à concurrencer sur des signatures de nouveaux artistes les entreprises établies telles que HYBE ou YG.

Les concerts, au coeur du succès d’ATEEZ

Un des facteurs véritablement distinctif pour ATEEZ, c’est son approche du spectacle vivant. Selon Elodie d’Ateez France, « chaque concert est conçu comme une expérience unique, avec une scénographie précise qui ne laisse rien au hasard. Le groupe met un soin tout particulier à interagir avec l’intégralité de son public, veillant à ce que chaque partie de la salle se sente impliquée. »

De par l’ambiance unique régnant à chaque date, leurs concerts attirent des fans de toute l’Europe et même du Maroc et du Japon, confirmant une capacité engager des aficionados du monde entier.

Les random dance, moments où les spectateurs sont invités à danser sur des chansons choisies aléatoirement, sont devenus leur signature. Cette spontanéité calculée crée une connexion singulière avec leur public. Les ATINYs, nom donné à leurs fans, témoignent de ce phénomène en suivant souvent plusieurs dates de la tournée.

Les ATINYs, une fanbase ultra engagée

Le phénomène ATEEZ se construit sur un modèle très différent de la majorité des succès récents de l’industrie musicale mondiale, où le streaming est le moteur d’une popularité globale. Le groupe démontre ici qu’une fanbase plus petite mais ultra-engagés peut générer des résultats commerciaux exceptionnels.

En premier lieu, les ventes physiques d’ATEEZ sont tellement importantes que leur album Golden Hour : Part 2 était celui qui a généré le plus de revenus pour Sony Music au niveau mondial au quatrième trimestre 2024, devant des grands noms de la musique mondiale tels que Travis Scott, SZA ou encore Michael Jackson. Le groupe offre à ses fans sur son site des versions avec 3 CD de son album notamment.

La billetterie constitue le deuxième pilier du modèle économique d’ATEEZ. Le groupe a ainsi vendu plus de 500 000 billets de concert dans le monde pour sa tournée The Fellowship: Break The Wall , qui s’était arrêtée deux fois à l’Accor Arena à Paris en mars 2023. Cette approche privilégie la qualité de l’engagement plutôt que la quantité d’écoutes en streaming.

Dernier pilier : le merchandising, vendu à la fois en concert et sur leur site web, qui contribue à faire du groupe coréen un des plus rentables au monde.