Spotify signe un nouvel accord de licence avec Kobalt

Ce nouvel accord doit améliorer la rémunération des auteurs-compositeurs, à l'instar de ceux conclus plus tôt cette année avec Universal et Warner.

Spotify a conclu un nouvel accord de licence directe avec Kobalt. Cette annonce intervient environ six mois après que la plateforme de streaming a signé des accords similaires avec d’autres éditeurs, dont Universal Music Publishing Group (UMPG) et Warner Chappell Music (WCM). Ces deux accords avec Spotify avaient permis d’améliorer la rémunération des auteurs-compositeurs sur la plateforme.

Les détails de l’accord restent limités, mais une source proche indique qu’il permettra à Kobalt de percevoir des revenus supérieurs aux royalties mécaniques de base fixées par l’U.S. Copyright Royalty Board.

Améliorer la rémunération des auteurs-compositeurs

Le PDG de Kobalt, Laurent Hubert, qualifie cet accord direct avec Spotify de « pas dans la bonne direction », qui « réaffirme notre engagement constant à garantir que nos auteurs-compositeurs soient rémunérés équitablement pour leur travail. Il souligne l’importance de modèles de licence progressifs reflétant l’usage réel de la musique sur les plateformes de streaming ».

Spotify a par le passé eu des relations tendues avec les éditeurs de musique et les auteurs-compositeurs, notamment en raison de désaccords sur les taux de royalties. Ces tensions se sont accentuées en mars 2024, lorsque la plateforme a réduit le taux des reversées aux auteurs-compositeurs et éditeurs sur les royalties des écoutes premium.

Taux de royalties réduit par les livres audio

Cette baisse faisait suite à la reclassification de ces offres par Spotify en bundle (formule groupée), un type d’abonnement bénéficiant d’un tarif réduit sur les royalties mécaniques aux États-Unis. Spotify justifiait ainsi la baisse par le regroupement de la musique et des livres audio sous un unique prix.

Billboard avait ainsi estimé que le bundle entraînerait une perte d’environ 150 millions de dollars de royalties pour les auteurs-compositeurs et les éditeurs sur la première année d’application de la formule groupée, par rapport aux prévisions. Plus récemment, lors de l’assemblée annuelle de l‘association américaine des éditeurs de musique (la NMPA), UMPG, WCM, Kobalt et la grande majorité des autres éditeurs a indiqué que cette formule avait en réalité entraîné une perte de 230 millions de dollars dès la première année.

Accords directs

Alors que la NMPA mène une vaste campagne contre les bundles de Spotify depuis mars 2024, plusieurs grands acteurs de l’édition musicale ont envisagé des accords directs avec la plateforme de streaming dès janvier 2025. Universal Music Group (UMG) a été le premier à annoncer un accord portant à la fois sur le master et les éditions musicales avec Spotify. C’était le premier accord direct entre Spotify et un éditeur depuis l’adoption du Music Modernization Act en 2018.

Cet accord concernait cette fois à la fois les taux de royalties pour la musique enregistrée et les éditions musicales d’UMG, tout en prévoyant des dispositions visant à protéger les artistes d’UMG avec les systèmes de détection et de lutte contre la fraude sur Spotify.

Spotify déclare à Billboard : « Spotify conserve le bundle, mais avec cet accord direct, il évolue pour prendre en compte des droits plus larges, incluant un traitement économique distinct entre les contenus musicaux et non musicaux. »

Warner Chappell Music avait suivi peu après, tandis que Kobalt est le troisième à trouver un accord. Un communiqué de presse concernant l’accord avec Spotify indique qu’il « offrira davantage de flexibilité, d’efficacité, de valeur et de protections aux auteurs-compositeurs aux États-Unis ».

Sony, dernier manquant à l’appel

Spotify n’a toutefois pas encore conclu d’accord similaire avec Sony Music Publishing, le plus grand éditeur musical au monde. Une source proche de Spotify révèle que, bien qu’ils aient des discussions positives, aucun accord n’a encore été conclu à ce jour.

« Cet accord reflète les efforts de collaboration entre Kobalt et Spotify pour mettre en place un cadre de licence permettant de nouveaux formats, des innovations et des opportunités de rapprocher créateurs et fans. Il signe également une avancée vers des structures de licence permettant aux auteurs-compositeurs de percevoir plus de revenus sur leur travail », poursuit le communiqué de presse de l’accord.

Alors que Spotify obtient des contrats de licences directs avec les éditeurs de musique, la société travaille également à déployer de nouvelles fonctionnalités, dont beaucoup nécessitent la coopération des éditeurs pour être déployées. Selon le Wall Street Journal, Spotify développerait une fonctionnalité de « remix » permettant d’accélérer, de mixer et modifier des morceaux.

Licences sur la vidéo

La plateforme travaille également sur les licences de clips musicaux dans certains pays. Ces deux fonctionnalités devraient faire partie de l’abonnement «ultra-premium» annoncé par Spotify. Comme l’a averti la NMPA dans une lettre de mise en demeure adressée à la plateforme l’an dernier : « toute fonctionnalité de ce type [… ] sans les licences appropriées de nos membres […] pourrait constituer une violation supplémentaire ». Un avertissement clair pour le service de streaming.

« Nous avons toujours considéré que de meilleurs partenariats conduisent à de meilleurs résultats », déclare Alex Norström, coprésident et directeur commercial de Spotify. « Cet accord avec Kobalt renforce notre soutien aux auteurs-compositeurs grâce à un modèle de licence qui ouvre de nouvelles opportunités de croissance et élargira les façons dont la musique est créée et partagée aujourd’hui. »