Rapport de la CISAC : les droits d’auteurs musicaux passent le cap des 12,5 milliards d’euros
Björn Ulvaeus, membre d'ABBA et président de la CISAC
Les collections mondiales de royalties ont franchi un nouveau cap en 2024, selon le rapport annuel de la CISAC, publié début novembre. L’organisation, qui représente 228 sociétés de gestion collective dans 111 pays, fait état d’une collecte totale de 13,97 milliards d’euros (15,12 milliards de dollars), en hausse de 6,6% par rapport à 2023.
Les auteurs-compositeurs et éditeurs de musique représentent 90% de ce total, avec des royalties de 12,59 milliards d’euros (13,63 milliards de dollars), en progression de 7,2% sur un an. Cette performance confirme la tendance haussière observée ces dernières années, portée principalement par la croissance continue du streaming musical.
Le numérique franchit la barre des 5 milliards d’euros
Pour la première fois, les droits d’auteurs collectés sur le numérique ont dépassé les 5 milliards d’euros (5,4 milliards de dollars), affichant une croissance de 10,8%. Cette progression s’explique entre autres par l’augmentation du nombre d’abonnés aux plateformes de streaming et les hausses de prix mises en œuvre par les acteurs majeurs. Selon les données MiDIA citées dans le rapport, 818 millions d’abonnements au streaming musical étaient dénombrés en 2024, un chiffre qui devrait atteindre le milliard d’ici 2027.
Les États-Unis dominent ce segment avec plus d’un quart des revenus mondiaux, enregistrant une hausse de 16,1% pour atteindre 1,4 milliard d’euros. L’Italie est le pays qui y affiche la croissance la plus élevée (+27,2%), grâce à de nouveaux contrats et licences avec les distributeurs.
L’Europe de l’Est, nouvelle région porteuse
Pour la première fois, l’Europe centrale et orientale s’impose comme la région à la croissance la plus rapide (+17,9%), avec des collections de 470 millions d’euros. Le numérique y progresse de 20,2%, bien que cette région accuse encore un retard en matière d’adoption, le streaming ne représentant que 13,9% du chiffre d’affaires régional.
Géographiquement, les États-Unis restent le premier marché avec 3,14 milliards d’euros (+10,1%), suivis de la France (1,50 milliard d’euros, +7,9%) et du Royaume-Uni (1,18 milliard d’euros, +8,2%).
Autre fait notable du rapport : les royalties issues du live et des diffusions publiques ont progressé de 10,4% pour atteindre 3,38 milliards d’euros. Ce dernier souligne les succès record de Taylor Swift et Coldplay, tout en notant que « cette réussite au sommet contraste fortement avec les défis persistants au niveau local, où les fermetures de salles limitent les opportunités pour les artistes émergents. »
L’ombre de l’IA plane sur les prochaines années
La CISAC consacre une part importante de son rapport aux préoccupations liées à l’intelligence artificielle. Une étude commandée par l’organisation estime que l’IA pourrait représenter 20% des royalties musicales d’ici 2028. « Sans garanties appropriées ni transparence des données, l’IA risque de saper les fondements même de la valeur créative », alerte Gadi Oron, directeur général de la CISAC.
Björn Ulvaeus, président de la CISAC et cofondateur d’ABBA, se veut néanmoins optimiste, citant la nouvelle licence IA développée par la société suédoise STIM comme preuve que « les droits des créateurs et le progrès technologique peuvent coexister si les licences et la transparence sont placées au centre. »