Les industries culturelles et créatives ont généré 102 milliards d’euros en France l’année dernière
Fête de la musique au Palais-Royal
Depuis 2019, le secteur culturel a été profondément transformé par la crise sanitaire, l’accélération du numérique, l’évolution des usages, la réorganisation des modèles économiques et le recul du financement public dans certains territoires.
Souvent perçue comme dépendante des subventions et rarement considérée comme une industrie à part entière, la filière culturelle constitue pourtant un levier majeur de croissance, d’emploi et de rayonnement pour la France selon la dernière édition de l’étude économique sur les ICC.
Portée par We Are Creative, l’association portée par we are_ et réunissant les syndicats et fédérations des industries culturelles et créatives (ICC), cette nouvelle édition de cette étude économique sur les ICC a été réalisée par EY avec le soutien du ministère de la Culture. Elle actualise l’analyse menée six ans plus tôt.
Le rapport couvre ainsi dix secteurs clés des industries culturelles : arts visuels, audiovisuel, cinéma, jeu vidéo, musique, spectacle vivant, livre, presse, radio et publicité. À noter qu’elle n’a pas été réalisée à périmètre égal avec celle de 2019, puisque les arts visuels ont été
Une contribution importante dans l’économie française
En 2024, les industries culturelles et créatives (ICC) ont généré 102,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 43 milliards d’euros de valeur ajoutée, représentant ainsi 2,9 % du PIB français. Selon l’étude, leur contribution dépasse ainsi celles de secteurs majeurs comme l’aéronautique-spatial ou l’industrie pharmaceutique.
Ce poids dans l’économie se marque ainsi comme de plus en plus prépondérant. La valeur ajoutée des ICC a progressé de 21 % en cinq ans, soit une croissance deux fois plus rapide que celle des grands secteurs industriels. L’emploi suit cette trajectoire avec 1,1 million d’ETP, en hausse de 13 % depuis 2019, dont 586 000 emplois directs, soit plus que ceux de l’automobile, de l’aéronautique et de la pharmacie cumulés.
La filière reste toutefois fortement centralisée : 50 % des emplois sont localisés en Île-de-France, même si l’étude confirme une régionalisation progressive, portée notamment par le développement des festivals dans les territoires.
Malgré ce poids dans l’économie française, l’enjeu principal identifié par la filière porte sur le financement, fragilisé par la baisse des subventions locales et des conditions d’emprunt plus strictes. Entre 2024 et 2025, 47% des collectivités ont voté une baisse des budgets culturels.
La musique progresse plus vite que le reste de la filière
Le secteur musical connait une croissance soutenue entre 2019 et 2024, avec une hausse de 50 % de sa valeur ajoutée, une progression 14 fois plus rapide que celle du PIB français. La musique enregistrée voit sa valeur ajoutée augmenter de 59 %, atteignant 929 millions d’euros tandis que le live progresse de 62 %, pour des recettes de billetterie cumulant à 1,59 milliard d’euros.
Touché fortement par la crise sanitaire, le secteur du live a renoué avec la croissance dès 2022. En 2024, sa valeur ajoutée atteint 1,7 milliard d’euros, soit 61 % de la valeur ajoutée totale de la filière musique. La musique se distingue également par son exportation. Cette dernière représente ainsi 30 % du chiffre d’affaires de la musique enregistrée.
La SACEM, quant à elle, est passée de 1,2 milliard d’euros de collectes en 2019 à 1,6 milliard d’euros en 2024, grâce à la croissance des revenus numériques à l’international et à l’arrivée de répertoires étrangers sous sa gestion.
La France sera-t-elle capable de soutenir cette croissance ?
Le rapport, le marché de la musique enregistrée et du live pourrait progresser de près de 50 % entre 2024 et 2030.
Cette croissance serait davantage portée par le secteur de la musique live (+7,2% par an en moyenne sur la période), grâce à l’augmentation du nombre des tournées et une demande pour les concerts qui resterait importante.
Le secteur de la musique enregistrée devrait également continuer à croître (+6,2% par an en moyenne entre 2024 et 2030), dans l’hypothèse d’une amélioration du taux de pénétration du streaming ou d’une hausse du tarif des abonnements.
Si le secteur a des perspectives prometteuses à l’international, la seule ombre au tableau pourrait être sa perte de vitesse en France l’année passée. Sa croissance passe de 17% en 2023 à 3% 2024. Si ce constat était attendu sur le live, après l’euphorie post-Covid, il est une source d’inquiétude pour la musique enregistrée, alors même que la France accuse déjà un retard sur ses voisins européens en matière d’adoption du streaming payant.
Au-delà des indicateurs économiques, les ICC contribuent fortement au rayonnement international de la France. La portée mondiale de certaines productions, comme la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, en est l’illustration.
Enfin, l’étude appelle à une action collective pour consolider les ICC comme un pilier stratégique de compétitivité et d’innovation. Elle insiste sur la nécessité de reconnaître la création comme un véritable investissement d’avenir, moteur de croissance durable, de cohésion sociale et d’influence culturelle.