L’UE génère plus de croissance que tout autre marché mondial de la musique

Le rapport IFPI 2025 révèle une progression de 9,1% pour l'Union européenne, portée par l'engagement des fans sur le streaming payant.

L’Union européenne s’impose comme un moteur du marché mondial de la musique enregistrée. Selon le rapport annuel de l’IFPI, l’UE a généré 470 millions d’euros de croissance en 2024, soit plus du double de celle des États-Unis et davantage que la croissance cumulée des États-Unis, de la Chine et du Brésil.

Avec 5,7 milliards d’euros de revenus, l’UE représente 20,7% du marché mondial et se positionne comme le deuxième marché le plus important au monde, derrière les États-Unis. Cette performance témoigne d’un écosystème musical européen en pleine expansion, soutenu par des investissements massifs des maisons de disques.

Le rapport met en lumière des disparités importantes entre pays membres. La Suède, la Hongrie et la Roumanie affichent les croissances les plus spectaculaires, tandis que les marchés d’Europe centrale, orientale et du sud-est émergent comme les nouveaux territoires à fort potentiel. Une dynamique qui redessine la carte musicale du continent.

Le streaming payant, principal moteur de croissance

L’engagement des fans sur les services de streaming par abonnement explique 77,4% de la croissance totale des revenus de l’UE. Les hausses de prix opérées par Spotify, Deezer et YouTube sur leurs abonnements premium ont contribué à cette progression, dans un contexte où le taux de pénétration des services de streaming dans l’UE reste à 25%, bien inférieur à celui du Royaume-Uni (45%) et des États-Unis (52%).

Cette marge de progression laisse entrevoir un potentiel de croissance important pour les années à venir. Le streaming représente désormais la colonne vertébrale du modèle économique de l’industrie musicale européenne, bien que le physique garde une place significative dans certains pays comme la France, deuxième marché physique de l’UE derrière l’Allemagne.

Des artistes locaux qui dominent leur marché

Bien que l’UE ait généré la plus forte croissance en valeur absolue l’année dernière, la région affichant la croissance la plus forte en pourcentage était le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, en hausse de 22,8% sur un an, suivis de l’Afrique subsaharienne (+22,6%) et de l’Amérique latine (+22,5%).

Autre fait majeur du contient : la prédominance des artistes locaux. Ces derniers occupent en moyenne 50,9% des places dans le top 10 des pays de l’UE, avec 7,7% supplémentaires pour les artistes d’autres pays européens.

Des pays comme la Finlande, la Hongrie et l’Italie ont vu leur top 10 entièrement composé d’artistes nationaux. À l’échelle européenne, Too Sweet du chanteur irlandais Hozier s’est imposé comme le titre le plus performant, figurant dans neuf classements annuels différents à travers le monde.

Des disparités géographiques marquées

Si l’UE dans son ensemble affiche une croissance solide de 9,1%, les performances varient fortement d’un pays à l’autre. La Suède caracole en tête avec une croissance de 30,2%, portée par un suivie de la Roumanie (26,9%) et de la Hongrie (23,9%). À noter que la croissance suédoise est essentiellement portée par un paiement relatif à clope privée qui prend en compte plusieurs années. Sans ce dernier, la croissance se serait établie à 6,5%. La Pologne confirme son statut de marché émergent majeur avec une progression de 22,3%.

Les marchés plus matures comme la France (+7,5%), l’Allemagne (+4,1%) ou le Royaume-Uni (+4,9%) affichent des croissances plus modérées mais stables. Cette hétérogénéité reflète différents stades de maturité numérique et de pénétration du streaming sur le continent.

L’intelligence artificielle, enjeu majeur ?

Le rapport IFPI veut affirmer l’importance cruciale d’une mise en œuvre effective de l’AI Act européen. L’industrie musicale appelle à une application stricte des obligations de transparence imposées aux développeurs d’IA, notamment concernant l’utilisation d’œuvres protégées pour l’entraînement des modèles.

La campagne Stay True to the Act, soutenue par de nombreux artistes européens, demande la protection du droit d’auteur, la transparence des systèmes d’IA et la possibilité pour la musique et l’IA de croître ensemble dans l’UE. Un enjeu qui déterminera l’équilibre futur entre innovation technologique et protection de la créativité humaine.