Polo & Pan : « Il y a quelque chose de très bienveillant dans la culture américaine. »

Polo & Pan à Coachella
Crédit : Cloudy
De retour en France, après une pause de 6 mois, Polo & Pan avait fini son année 2024 par une participation remarquée à la cérémonie de clôture des Jeux Paralympiques, y interprétant leur titre Nanã.
Revenus en mars avec leur troisième album 22:22, les deux musiciens poursuivent leur ambition internationale. Après une tournée européenne à guichets fermés, ils embrayent en Amérique du Nord, démarrant par deux dates au Canada et poursuivant par 14 aux États-Unis.
À la veille de la première date au parc Jean-Drapeau de Montréal, le groupe s’est confié à Billboard France dans une interview exclusive sur les dessous de ce défi américain. Rencontre avec ses deux membres, ainsi que leur manager et leur tourneur, pour décrypter une nouvelle tournée aux allures de triomphe.
Une tournée européenne avant la sortie de l’album
Alors qu’il a lancé sa tournée le 11 février dernier à Madrid, le duo français décide de changer sa méthode pour son volet nord-américain : « Il fallait prévoir quelque chose de plus grand et audacieux, et la nouvelle scénographie est ambitieuse. »
Paul Armand-Delille et Alexandre Grynszpan, de leurs vrais noms, affirment ainsi conceptualiser une performance live, différente d’un DJ set. Le groupe est sur scène avec un synthétiseur, pour reprendre les versions studio, en les accompagnant de pads, afin de contrôler les rythmiques et en chantant davantage sur scène.
Cette attention toute particulière au live contribue-t-elle au succès de leur tournée ? Le groupe l’affirme : « Avoir été complet sur toutes nos dates, sur celles en Europe avant même de sortir l’album, c’était vraiment quelque chose de très gratifiant. »
La proximité comme motto
La scène est ici utilisée comme laboratoire : « Cinq morceaux du nouvel album s’enchaînent dans notre live. Et alors même que le public ne les avait jamais entendus, il a été super réactif.
Ainsi, pour sa première date après la sortie de l’album, le groupe choisit l’Olympia les 30 et 31 mars 2025. Matthieu Gazier, manager du groupe, détaille : « C’est une salle qui reste unique. Même si aujourd’hui on pourrait prétendre à une plus grande capacité, elle dégage toujours quelque chose de singulier, grâce à la proximité qu’elle permet avec le public. »
Le duo abonde en son sens : « J’aime que le public puisse comprendre aussi ce qui se passe. Dans les salles plus intimes, il y a une vraie complicité, et cette synergie là est aussi importante que de faire des grandes scènes. »

Le rêve américain et la célébration de l’électro française
Une envie qui ne les empêche pas pour autant de s’attaquer aux méga-scènes. Les 13 et 20 avril 2025, le duo foulait ainsi la scène de Coachella, pour la seconde fois de leur carrière. Changement de dimension cette année : de 8 000 personnes en 2019, ils sont passés à 40 000. « Nous sommes arrivés avec une grosse pression. Mais dans l’instant, on a réussi à lâcher la pression et à profiter. C’était notre vrai challenge. »
Le groupe a séduit le public californien avec l’électro française, et aussi une spectatrice inattendue : JENNIE des BLACKPINK, repérée en train de danser devant leur show.
Entre les deux week-ends du festival, le duo s’est également rendu à Red Rocks. Théâtre en pierre au milieu du Colorado, ce dernier a pour tradition d’accueillir les grands artistes de la musique électronique s’y sont produits, tels que Justice ou encore Daft Punk. Matthieu Gazier se souvient d’un public et d’une date unique, à la fin de laquelle il s’était mis à neiger.
Autre lieu marquant des shows américains, Matthieu Gazier se souvient de l’Hollywood Bowl : « C’est un théâtre en plein air, dans Los Angeles, avec une capacité de plus de 17 000 places. De très grands réalisateurs et de très grands comédiens y ont leur table attitrée. Nous y avons joué pour son centième anniversaire. »
Ces différentes facettes de l’Amérique font office de moteur pour le groupe et son équipe : « On découvre le reflet de chaque ville et c’est assez excitant. C’est l’intérêt de faire une tournée, de découvrir un lieu et un public unique à chaque date. »
Une notoriété internationale
Dans cette nouvelle tournée américaine, ils retrouvent un public qui affectionne particulièrement la musique électronique française, et qui a pu les découvrir entre autres via la synchronisation dans le jeu EA Sports FC 26, ou encore dans la publicité pour l’iPhone 12.
« Dans les hôtels, dans les bars américains, tu entends Polo & Pan, La Femme, Papooz, Breakbot. L’électro française est hyper branchée. Il y a une réminiscence permanente de la France, comme aujourd’hui, la K-Pop dans un aspect plus mainstream », remarque Matthieu Gazier.
Le groupe se souvient également du public mexicain et argentin, qui les affectionne tout particulièrement. Géraldine Cayrou, responsable du pôle France d’AEG : « En Amérique du Sud c’est de la folie. Mexico City et Buenos Aires comptent parmi les meilleures ambiances qu’on ait pu faire en tournée, c’était vraiment la fête. Le groupe a une image très différente là-bas de celle qu’il a en France. »
Ces derniers confirment : « Je pense qu’on a une musique aussi qui correspond à une vibe latine. La bossa nova est une de nos plus grandes influences. Je pense que c’est ce qui fait le match avec la musique latine. »

De retour sur la route
Quels prochains défis pour Polo & Pan ? Le groupe se dévoile : « On a toujours kiffé le hip-hop de la fin des années 90. On ne l’a jamais trop montré. On aime donc bien rapper dans le tourbus ensemble. On aimerait donc collaborer avec des artistes de la scène hip-hop, ça pourrait très bien marcher, même si notre registre est différent. »
Sur les routes américaines, le groupe retrouve ainsi son public pendant plus de 2 mois, avec une tournée qui se clôturera le 14 novembre à Mexico City.