Sam Sauvage : « Je ne calque pas ma musique sur celle de Bashung ou de la new wave. »
Sam Sauvage à l'hôtel Grand Pigalle Experimental.
Crédit : Frankie & Nikki pour Billboard France.
2025 a marqué un tournant pour Sam Sauvage. Après le succès de son EP éponyme et du single Les gens qui dansent (j’adore), il a pu lancer sa première tournée en France, et s’apprête désormais à fouler la scène de La Cigale le 31 mars 2026.
Hugo Brebion, de son vrai nom, commence à publier sa musique en 2023. Il refuse toutefois l’étiquette de nouveau venu. L’artiste écume les cafés-concerts pendant une dizaine d’années, afin de perfectionner son art et de livrer ses textes, le cœur de sa musique selon lui.
Au détour d’une chambre d’hôtel, il évoque pour Billboard France le rôle vital de la musique dans sa construction personnelle ainsi que sa vision d’une musique pop à la fois exigeante et sincère.
Commençons par le plus évident. Pourquoi Sam Sauvage ?
Sam Sauvage : J’ai fait la première soirée de ma vie à 14 ans et les autres avaient piqué de l’alcool à leurs parents pour l’occasion. Moi, je n’ai pas osé, du coup, on m’a appelé le « SAM » (celui qui ne boit pas).
Ce n’est pas forcément valorisant mais c’est un peu marrant, donc je l’ai gardé. J’ai rajouté « Sauvage » à côté parce que je trouvais ça beau. Ça incarnait aussi une certaine forme de liberté et quelque chose d’un peu contradictoire, qu’on peut retrouver avec le décalage entre les cheveux et le costume.
Je voulais trouver ma place dans la société du collège. Je voyais les populaires, les intellos… Moi c’était celle du musicien que je voulais avoir.
Comment en es-tu venu à la musique ?
J’avais eu un premier contact avec la guitare à 6 ans, et ça ne s’est pas du tout bien passé. Mon professeur n’était pas particulièrement sympa et je suivais une formation très classique et codifiée.
Je n’arrivais pas à m’y faire. Je voulais jouer pour le plaisir avant tout, donc j’ai arrêté. J’ai gardé cette guitare d’apprentissage jusqu’à mes 14 ans. À cet âge-là, j’ai vu une vidéo de Bob Dylan qui m’a vraiment marqué et redonné l’envie de jouer.
Je n’ai pas recommencé pour les bonnes raisons, comme l’amour de la musique. Je voulais me trouver une place dans la société du collège. Je voyais les populaires, les intellos… Je n’étais rien de tout ça. Donc je cherchais une place, et c’était celle du musicien que je voulais avoir.

Tu as grandi à Boulogne-sur-Mer. Est-ce que ton enfance et ton adolescence là-bas ont influencé ton parcours musical ?
C’est plutôt mon enfance qui a influencé mon parcours. Je n’ai pas eu de père présent, j’avais seulement ma mère et mes grands-parents à côté. Je n’avais pas beaucoup de copains, ni de frères ou de sœurs avec qui m’occuper. Donc, j’étais un peu livré à moi-même.
Et forcément, c’est à ce moment-là que tu cherches une occupation. J’ai essayé plein de trucs : les jeux vidéo, la radio, le journalisme, écrire un livre.
Puis, j’ai redécouvert la musique et je me suis dit que je n’aurai plus jamais le temps de m’ennuyer.
L’ensemble costume-cravate-chaussettes rouges fait partie intégrante de Sam Sauvage. Comment est né ce look ?
Certains pensent que c’est pour le marketing mais si j’avais voulu suivre cette démarche, je n’aurais pas choisi ce style. Ça a déjà été fait mille fois.
Je voulais être musicien, mais être musicien ce n’est pas seulement savoir jouer d’un instrument, c’est aussi un style cool. Sauf que je ne savais pas comment faire du cool.
Les joggings, ça n’allait pas. Les baskets non plus. Je me suis rendu compte que j’adorais porter des blazers et m’habiller de manière élégante.
Le costume me permet aussi de passer partout, c’est ce que je préfère dans cette tenue. Il n’y a pas de règle. Un agent d’accueil, un politicien, un banquier, un pilote de ligne, un caissier… Tous peuvent le porter.
Il y a aussi un côté uniforme et c’est le seul que j’accepte de porter.
Plus jeune, te sentais-tu isolé dans tes préférences musicales ?
Je pensais que je l’étais. J’écoutais beaucoup de rock classique, les Rolling Stones, les Beatles et tout ce qui se passait dans le top hits rock des années 1960-1970, mais je n’allais pas du tout chercher ailleurs.
Finalement, j’ai vu qu’il y avait aussi une scène actuelle avec des artistes comme Zaho de Sagazan, Benjamin Biolay, Juliette Armanet… Tous ces gens qui font de la chanson française qui va au-delà de la pop.
Au lycée, il y avait d’autres gars et d’autres filles comme moi, avec qui on se retrouvait un peu. Puis après, à la fac, encore plus.
Avec le temps, j’ai vu que je n’étais pas le seul à aimer la chanson française. Même si le rap reste prédominant, il y a encore une variété de styles qui sont bien défendus aujourd’hui.
Dans la presse, on t’associe à beaucoup de noms. On a pu te comparer à Bashung mais aussi à des artistes de new wave britannique.
Que penses-tu de ces comparaisons ?
Je ne les chasse pas mais je ne suis pas totalement en accord avec. Je ne fais pas ma musique en la calquant sur celle de Bashung, ni sur la new wave.
On m’a affilié à ce courant, parce que j’ai sorti Les gens qui dansent (j’adore), qui est dans ce genre alors que je n’avais jamais spécialement écouté de new wave avant.
Les influences viennent parfois de ce qu’on écoute, de ce qu’on a vu ou imaginé et c’est très aléatoire. J’écris et compose surtout des chansons qui me passent par la tête, sans trop me poser de questions.
Pendant six mois, je vais écrire des textes très déprimants qui vont faire penser à Bashung. Puis, pendant deux mois, je vais réécouter les Sparks, me diriger vers des morceaux avec une inspiration new wave. Je n’ai aucune limite sur ce que j’écris, donc je ne cherche pas à faire quoi que ce soit de particulier.
Je pars souvent de mon vécu que je transforme et romantise par la suite. J’ai beaucoup plus de mal à faire de la fiction.
En parlant des Sparks, ils ont dit sur la BBC qu’ils adoraient Les gens qui dansent (j’adore). Tu as ensuite fait la première partie de leur concert à Paris.
Comment s’est passée la rencontre ?
C’est du culot et du hasard. C’est souvent l’histoire de ma vie.
Quand j’ai sorti Les gens qui dansent (j’adore), eux, ils l’ont diffusé à la BBC. J’ai vu beaucoup de commentaires en anglais sous mes vidéos par la suite. Je me demandais : « Mais d’où ça vient ? ».
Ils me suivaient aussi sur Instagram, donc je leur ai envoyé un message pour les remercier car ça m’avait beaucoup touché. C’est un groupe que j’écoute depuis longtemps et que j’avais découvert, notamment, avec Les Rita Mitsouko.
Après cet échange, on a pris un café et à l’issue de cette rencontre, ils m’ont dit : « On va t’inviter pour la première partie. »

Ils disent d’ailleurs dans cette interview qu’ils ont aimé ton côté rebelle, désinvolte. Est-ce que tu cultives cet état d’esprit ?
Je n’ai jamais été un rebelle. J’ai toujours été très sage avec ma mère, à l’école, ou ailleurs. Je n’essaie pas de me rebeller contre quoi que ce soit.
J’ai mes convictions, tant artistiques que politiques, mais je ne suis pas un rebelle. C’est peut-être ma coiffure qui donne cet effet. Mais en tout cas, je ne cherche pas à le cultiver particulièrement.
Nous parlions de tes influences tout à l’heure, quel est le secret pour s’inspirer sans verser dans la copie ?
Ma musique n’invente rien et je ne le dis pas de manière négative. Je prends un tas de références que j’ai absorbées toute ma vie et j’en fais des chansons.
Personnellement, je n’ai aucun recul sur ma musique. Plusieurs personnes me disent : « C’est du génie ». D’autres me disent : « C’est vraiment de la merde ». Chacun sa perspective.
Ma musique fait naturellement penser à plein de choses et je n’ai aucun problème avec ça. Je n’ai pas la prétention d’inventer un style de musique comme certains l’ont fait en découvrant des nouveaux instruments.
J’ai toujours mis en valeur mon côté auteur et je vois la musique comme un moyen de faire passer mon texte.
Aujourd’hui, je pense que ce que les gens appellent « style », c’est un tout, un assemblage. Chaque élément que j’y mets n’est pas nouveau en soi : ce sont des choses qui existent déjà depuis belle lurette.
Grâce à la musique, je me sens légitime d’exister. Si on m’enlève ça, je n’ai plus rien.
Tu as un morceau qui s’intitule Ali Roule De Nuit, qui parle principalement de la dimension sociale du travail d’un chauffeur de taxi. Tu as aussi un morceau sur le patriarcat dans ton premier EP avec Femmes.
Est-ce que la pop peut être consciente et plaire à un large public selon toi ?
C’est une erreur de dire que la pop ne raconte pas grand-chose. Forcément, il y a des artistes de variété française qui n’ont pas vocation à faire passer des messages lourds ou à parler des problèmes de société.
Par exemple, Clara Luciani écrit sur des sujets importants, que ce soit sur la maternité comme son dernier album ou le premier avec La Grenade, mais elle le fait avec une touche de chanson française.
Le plus important avant tout, c’est le regard que l’artiste peut apporter. C’est un facteur que je comprends de plus en plus.
Par exemple, si j’écris une chanson d’amour en disant « Je t’aime, tu m’aimes », ça n’apporte rien. Au contraire, si je parle d’une chambre d’hôtel en disant « Dans ce drap », ou qu’on tourne autour des « deux cafés froids qui refroidissent », là, on apporte un regard.
C’est ça qui me parle, que ce soit dans la pop, dans le rap ou la techno.

Peux-tu nous parler plus en détail de ton processus créatif ?
Un chaos général.
Ces dernières semaines, je n’écris que des chansons déprimantes autour de l’amour malheureux. Je ne sais pas pourquoi.
Personnellement, j’ai envie d’écrire sur du réel. Je pars souvent de mon vécu que je transforme et romantise par la suite. Tout n’est pas vrai, forcément, mais ça part souvent d’anecdotes qu’après, je cale avec la musique.
A contrario, j’ai beaucoup plus de mal à faire de la fiction.
Dans Pas Bourré, tu as à la fois un côté très désabusé, contre les illusions, qui contraste avec le très optimiste La fin du monde.
Comment trouves-tu cet équilibre ?
C’est quelque chose que je défends souvent dans la musique, même dans la vie en général : tout n’est pas noir ou blanc.
Je le défends car beaucoup de gens, aujourd’hui, manquent de nuance sur la façon dont ils vivent.
Je ne parle pas forcément de politique, je parle de la vie en général. Il faut aimer ça, détester cela. L’optimisme et le pessimisme, ce n’est pas forcément incompatible.
Ce sont aussi des étapes de vie. Quand on a 20 ans, on ne vit pas une soirée de la même manière qu’à ses 30 ans.
La fin du monde, c’est pareil. Je pense que je ne l’écrirais pas de la même manière à 50 ans. Peut-être que je serai devenu aigri et con et que je dirai : « C’est la fin du monde à cause des jeunes. »
J’avais l’impression d’avoir une revanche à prendre, mais sur qui ? À propos de quoi ?
Tu as eu un premier groupe, duquel tu t’es fait virer…
J’avais un groupe qui s’appellait Photomaton, que j’avais monté avec des potes. On répétait dans le garage de la mère du batteur. C’était une cacophonie mais c’est grâce à ce groupe que j’ai écrit mes premières chansons en anglais et en français.
Il y avait un guitariste qui, lui, venait du métal. Un jour, au lycée, ils m’ont dit : « On aime bien tes chansons de pop française, mais on veut faire du vrai rock. »
Nous nous sommes donc séparés et je me suis retrouvé seul.

Avant tes débuts en solo, tu as enchaîné avec un duo quand tu étais à la fac. Tu parles de cette période comme une revanche sur ton adolescence.
Est-ce uniquement en lien avec ton premier groupe ou est-ce plus général?
Je me suis toujours un peu trouvé stupide quand je parlais de revanche. J’en parle de moins en moins avec le temps d’ailleurs.
J’avais l’impression d’avoir une revanche à prendre, mais sur qui ? À propos de quoi ? Ce n’est de la faute de personne si j’avais de l’acné, si j’étais mal dans ma peau, si je ne plaisais pas aux filles, si je ne savais pas m’exprimer parce que j’avais la langue derrière les dents.
Tellement de gens ont souffert de bien plus, dans des contextes différents, que j’ai fini par me dire : « Me venger de quoi ? »
Grâce à la musique, je me sens légitime d’exister. Si je m’enlève ça, je n’ai plus rien.
Ma vie n’est pas si intéressante que ça. Je ne parle que de musique, parce que c’est ce qui me fait vivre et qui me permet d’avoir des relations saines avec les autres.
On parle de travail, on parle de musique, on s’échange des visions artistiques, il n’y a rien de plus sain que ça.
Plus qu’une revanche sur le passé, j’ai plutôt envie de changer ma vie par rapport à ce qu’elle était. Cette année, c’est en train de se faire. On verra pour celles d’après, mais moi, je vis beaucoup mieux maintenant qu’avant.
Il y a un contraste entre ce look costume, presque bourgeois, et l’attitude que tu peux avoir en live où tu n’hésites pas à laisser paraître une facette beaucoup plus énergique.
As-tu l’impression d’avoir une deuxième personnalité sur scène ?
Il y a des gens qui incarnent des personnages. Ce n’est pas mon cas, c’est plutôt une augmentation de ce que je suis.
Forcément, j’en fais un peu plus que dans la vie de tous les jours, sinon on se ferait chier. Courir, ça me fait faire du sport. La scène, c’est mon seul entrainement physique et c’est très bien. Je dis ça en plaisantant mais c’est un peu vrai.
Concernant le côté élégant, je ne cherche pas à le casser quand je suis sur scène. Je m’exprime avec ce que j’ai de corps. C’est très paradoxal de me retrouver devant, parfois, 2 000 personnes à danser en sautant et gesticulant. Ma manière de bouger est d’ailleurs presque devenue une marque de fabrique.
En fait, ça me fait marrer de me dire que je ne sais pas danser et qu’il y a des gens qui viennent me voir à la fin et qui me disent : « C’est génial, continue comme ça. »
Maintenant, sur scène, j’ai de moins en moins peur, je me pose moins de questions et je montre surtout aux gens que si je peux faire ça, chacun peut faire ce qu’il veut dans la vie. C’est aussi ce que je cherche à transmettre.
C’est intéressant de parler du regard des autres. Tu as tourné beaucoup de séquences au milieu des passants, dont Les gens qui dansent (j’adore) ou Pas Bourré.
Est-ce en clin d’œil à l’époque où tu jouais dans la rue ?
C’est plutôt la volonté d’aller contre mes peurs. Je craignais le regard des autres, surtout qu’à l’époque j’avais 17 ans. J’étais mal dans ma peau et ça se reflétait un peu partout. Alors jouer dans la rue devant plein de gens et imposer ta musique aux autres, je trouvais qu’il n’y avait rien de pire à vivre.
Au fond de moi, j’ai toujours cette volonté d’aller à l’encontre de mes peurs, de me forcer à me mettre dans des situations qui me rendent le plus mal à l’aise possible.
M’y confronter, ça me fait vivre. J’ai besoin de me dire : « Qu’est-ce que je suis en train de faire là ? ». Et j’adore ça.
Quand je fais un shooting, c’est pareil. De base, je ne suis pas à l’aise avec l’objectif mais maintenant, je le fais en me disant : « C’est marrant, qu’est-ce que je fais là ? » et finalement tu te rends compte qu’il n’y a aucune raison d’avoir peur.
Le point culminant de cette tournée est La Cigale, le 31 mars 2026, mais avant d’en arriver là, tu as fait les premières parties de nombreux artistes comme Zaho de Sagazan ou Arthur Teboul. C’était comment ?
On me demande souvent : « Qu’est-ce que ça fait ? », et je réponds tout bêtement : « C’était trop cool. » Je n’ai pas trop besoin d’être validé par les autres. Ce n’est pas que je dépasse ça, c’est juste que ce n’est pas ce qui me fait vivre. Par contre, c’est toujours gratifiant.
Ces premières parties, c’est un vrai cadeau de la part des artistes. Ça nous permet d’aller chercher un public qui est le leur, de voir s’il y a des connexions, des choses à partager.
On a bien vu que les gens prenaient ensuite leurs places pour nous voir, qu’ils venaient nous parler sur les réseaux.
Il y a un partage de public qui se crée et c’est, je pense, la plus belle démarche qu’un artiste confirmé puisse avoir envers un artiste émergent.
Est-ce compliqué de partir en tournée avec seulement 13 titres à ton actif ?
En tournée, on joue plein de titres qui ne sont jamais sortis. Je n’ai pas peur du leak parce qu’on ne nous attend pas au tournant non plus. Ça me permet aussi de tester mes chansons.
Si on jouait toujours les mêmes morceaux, uniquement ceux déjà sortis, en espérant que les gens accrochent, on s’ennuierait. Et au bout d’un moment, ça se verrait, je pense.
Tu parles de la scène comme un moyen de tester tes chansons, tu le fais aussi sur les réseaux sociaux alors qu’au début tu n’étais pas du tout familier avec ça. Comment les vois-tu pour ta carrière désormais ?
Je les vis à la fois très bien et très mal.
C’est une amie qui m’a mis dans ce bourbier, mais qui m’a tellement servi que je ne peux pas lui en vouloir.
Elle m’avait dit : « Fais une vidéo par jour pendant une semaine ». Et ça a duré trois mois. Ça m’a apporté énormément de gens sur une courte période. Mais la redescente, dont personne ne parle, est très dure. Tu deviens accro aux chiffres.
Tu crois qu’ils définissent ta carrière et la suite, alors qu’en réalité, pas du tout. Je m’en rends compte aujourd’hui avec les salles de concert.
C’est juste un truc très instantané, qu’il faut prendre au sérieux sur le moment, mais avec légèreté quand ça retombe.
Il y a un moment où tu sors moins de choses, tu perds des abonnés, tu vois les indicateurs en rouge, et tu te dis : « OK, qu’est-ce qui se passe ? ». Tu crois que tout le monde va t’abandonner et que ta période est finie, alors que tu n’en as même pas vraiment eue.
Mais c’est aussi l’avantage de notre génération : pouvoir en tirer des opportunités, comme cette année avec tous les concerts, les gens qui s’intéressent à ce que je fais.
Par contre, l’inconvénient, c’est de vivre avec le doute permanent que tout peut s’éteindre aussi vite que c’est venu. C’est pour ça qu’au lieu de sortir des singles pour entretenir la machine, j’ai préféré faire un album. Il y aura peut-être moins de monde au début mais j’espère que ces gens s’intéresseront plus longtemps à ma musique.
Je ne vis pas aussi vite que le monde. Je suis un peu comme dans le métro, quand il y a foule dans le couloir et que toi, tu zigzagues, un peu à contre-courant. J’ai toujours eu ce truc d’être sur un fil, jamais vraiment à ma place.
À travers mes titres, j’invite les gens là-dedans. J’essaie d’en faire un refuge : ma musique est faite pour s’écouter en entier.
Concernant ton EP éponyme, avais-tu envie de montrer une palette de ce que tu sais faire ?
Un EP me frustrait, forcément, mais je voulais commencer par ce format car je n’étais pas encore prêt à faire un album. C’était un entre-deux un peu obligatoire, ça m’a permis d’aller vers un nouveau public et de me lancer.
La palette, c’est à la fois volontaire et pas vraiment. Je m’ennuie très vite et c’est mon plus gros défaut : je me lasse en deux secondes. J’ai besoin de varier, d’essayer plein de styles différents. Je ne me ferme aucune porte, sinon je m’ennuie et je perds le plaisir de créer.
L’EP reste encore peu varié par rapport à ce que je peux faire à côté, mais tant mieux si tu trouves ça éclectique. C’est ce que j’essaie de renvoyer aussi.

Il est sorti chez Cinq7, label de Wagram. Qu’est-ce qui a changé pour toi depuis cette signature ?
Au-delà de ce que ça m’a apporté en termes de promotion, de travail ou d’avoir une équipe, ça m’a surtout apporté le sentiment de me sentir professionnel. Ça me fait vraiment du bien d’arriver sur scène et de n’avoir qu’une chose à penser : bien chanter.
Il y a aussi le fait d’être entouré par une équipe qui croit autant que moi, voire plus, en mon projet et qui m’aide au quotidien. C’est quelque chose dont je suis très reconnaissant.
On peut s’attendre à quoi de la part de Sam Sauvage sur les prochains mois ?
Mon premier album sortira le 30 janvier. Le choix des titres a été très difficile et en plus, je suis déjà en train d’en écrire d’autres.
Beaucoup de gens n’ont jamais eu la chance de faire un album, alors je suis déjà très reconnaissant de pouvoir le faire.
Le reste, tant que je peux faire des concerts, c’est tout ce que je me souhaite.
Illustrations : Frankie & Nikki
Journaliste : Sinclair Langlois
Lieu : Grand Pigalle Experimental